L’entrée dans l’ère de l’informatique et l’omniprésence des écrans modifient notre état de conscience et notre rapport à la réalité. La machine sensée être vecteur d’émancipation génère stress et insatisfaction et crée un nouveau rapport au temps. Le temps est gagné pour mieux le perdre : nous ne cessons d’ajouter des strates de complexité à notre existence pour mieux tuer ce temps libre, en ouvrant de manière surréaliste le champ des possibles dans lequel nous nous perdons, les hommes, machines de chair et de sang dépassées. Avec Prana, la machine est détournée pour sanctuariser 600 secondes hors de la temporalité contemporaine, pour forger une nouvelle réalité. Détourner une machine pour participer à la bataille du temps devient un acte politique, qui a pour but de subvertir la doxa contemporaine du culte de la technologie.

Prana est une installation audiovisuelle qui a pour but de guider l’auditeur dans un état méditatif. Elle exploite diverses méthodes de relaxation, puisant aussi bien la sagesse indienne que dans les récentes découvertes en neurosciences. En particulier, l’oeuvre invite l’auditeur à ajuster sa respiration en fonction de stimuli visuels, afin d’établir un lien entre la conscience et le corps, suivant le concept yogi de pranayama. L’inconscient est stimulé par la volet sonore qui fait écho aux stimuli visuels. Afin de replacer l’humain au centre du processus méditatif, l’oeuvre utilise un procédé génératif qui rend chaque expérience unique.